• les 2018 sont ils prêts à boire ?

    2018 a la réputation d'un millésime chaud, manquant peut-être un peu de fraîcheur. 

    Mais le marché n'a t-il pas catalogué ces vins un peu vite ? 

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    Un nombre représentatif d'appellations a été ouvert pour juger de l'évolution du millésime. 

    Comme nous aimons à le faire désormais, nous nous sommes entourés d'un grand témoin, plusieurs même cette année, on pourrait les qualifier de fine fleur du journalisme français 
    • Laure Gasparotto, Le Monde
    • Martin Lemaire, Le Figaro-Magazine
    • Carla-Elle Rogoski, Les Echos
    • Frédéric Durand-Bazin, Figaro et Bettane Desseauve
    • Vladimir Kauffmann, RVI
    • Colin Hay, Drink Business
    Nous avons choisi de reproduire l'intégralité des notes de dégustation, c'est un peu long mais c'est intéressant, elles se complètent et offrent des perspectives différentes. D'abord celles de Jean-Nicolas (JNM) puis celles de Tristan (TM) et enfin, celles des autres participants. 

    De fait, la saison fut marquée par le soleil (à partir de juin) et la sécheresse. Heureusement, les vignes n'en souffrirent pas et la récolte, commencée dans les derniers jours d'août, nous offrit des raisins bien mûrs, homogènes et dans un état sanitaire quasi parfait.


    Les vins, en fin d'élevage, avaient acquis un velouté « exquis » et étaient, de fait, très caressants en bouche. La maturité était maîtrisée, avec des degrés d'alcool contenus en dessous de 14° mais leur acidité, c'est vrai, était relativement faible. La texture était riche, certes, mais on notait également beaucoup de finesse et une belle définition de terroir, ce qui était déjà plus surprenant pour un millésime mûr.

    Toute la question était de savoir de quel côté ils pencheraient : Allaient-ils vraiment s'affiner ou même seulement tenir la route ? L'élevage n'avait pas été de tout repos, il avait fallu rester attentifs pour les « tenir » et obtenir des vins sans défauts. Cependant à l'époque, nous croyions fermement en leur avenir.

    Nous écrivions notamment : « Ce millésime mûr et très suave sera approchable jeune. Les tannins sont sans aspérités, les vins en général particulièrement ouverts. Ne vous y trompez pas cependant, c'est un millésime de garde. »


    L'évolution confirme pleinement ce diagnostic initial, notre dégustation récente le confirme. Probablement le marché, peut-être parce que le millésime apparaissait hétérogène, a t-il jugé ces vins en dessous de leur potentiel ... d'autant plus qu'aujourd'hui, la fraîcheur ressort, avec un fruit parfois éclatant.


    Certains vins permettent déjà de jolies dégustations, d'autres sont plus réservés mais tous ont de belles années devant eux. C'est un millésime de garde, à la fois d'une belle concentration et très plaisant ! Il ne s'est pas vraiment fermé et offre déjà de très belles expériences.

    En résumé, nous sommes très contents !

    BLANCS

    Meursault

    À l'ouverture, une réduction bien présente (allumette, silex, poudre) gêne la première impression, avant de se dissiper quelque peu après aération.

    C'est en bouche que l'on apprécie alors mieux les arômes de fruits blancs et jaunes et surtout la structure crémeuse, puissante, complétée par une finale crayeuse et minérale. L'équilibre est vraiment gratifiant et encore en plein devenir.

    En 2020, nous notions « un grand potentiel » et un vin « très prometteur avec un potentiel de garde de 10 à 12 ans ». Sans doute le vin tiendra t-il jusque là et en effet, il serait prudent d'attendre encore 3 ou 4 ans au moins avant de l'ouvrir.


    • Profil intense et animal au nez, puis fruits noirs, poivre, laurier. Bouche charpentée, puissante et racée. Destiné à un long vieillissement.
    • "Côté japonisant". Feuille de riz, salinité et sapidité avec un gras frais. Élevage dynamise le vin. J'aime beaucoup, maîtrise très assurée. Me fait penser au chardonnay de votre domaine en Oregon dans la structure !
    • Nez tellement identitaire malgré une forte réduction. Notes de noisettes grillées. Gras en bouche, et la minéralité contrebalance et harmonise l'ensemble.
    • Réduit. Belle évolution, fraicheur sur tout le vin. Appréciable mais pas encore finis.



    ROUGES

    Marsannay

    Réservé après la mise en bouteille, ce vin nous offre aujourd'hui un bouquet bien mûr et plaisant, où dominent les arômes sucrés.

    En bouche, il est bien présent, avec une belle texture, bien crémeuse, et des arômes de crème brulée. La finale est un peu chaude, avec des tanins que l'on remarque encore.

    Nous indiquions, après la mise en bouteille, qu'avec sa structure bien complémentaire du millésime, il faudrait laisser vieillir ce vin. Il a évidemment progressé depuis 5 ans mais ne montre pas de signe de fatigue et pourrait encore bénéficier de quelques années en cave. (JNM)

    • TM : Intensité moyenne, un poil fermé. Acidité moyenne puis relevée. Tannins très soyeux. Texture chaleureuse avec belle longueur.

    • Nez assez chaleureux, de figues séchées ; quelques effluves d'eau de rose. La bouche présente un bel équilibre, une tension minérale et une belle structure tannique.
    • VK : Un joli nez entre terre et fruits mûrs, légèrement mentholé. En bouche, les tannins sont élégants, légèrement acidulées, avec une longueur douce et florale.
    • Entrée de bouche assez vive, malique, dans une aromatique mûre charmeuse, mais qui tombe un peu vite en bouche, peut-être par la matière tannique ?
    • Nez lactique, mais il file droit en bouche. Très structuré, peu de chair qui surgit pour le moment. Longueur moyenne, chaleureuse, voire crémeuse.
    • FDB : Nez floral, cerise cuite, clafoutis, rose fanée. Bouche ample, solide, chaleureuse, mais avec du pep's - tanins structurés.
    • A attendre encore, alcool, cerises.



    Vosne-Romanée

    C'était une des stars du millésime. Nous écrivions : « Extrêmement raffiné, il se distingue par son équilibre presque parfait ... et procure déjà un grand plaisir sensoriel. »

    Aujourd'hui, la fraîcheur est toujours là et les fruits noirs s'expriment dans un écrin de notes végétales et de bois fumé.

    La bouche est en cohérence, avec une belle droiture mais évidemment, il s'agit du millésime 2018 et le vin est aussi très caressant. La finale est légèrement plus resserrée, avec des tanins savoureux et une touche acidulée, de bon aloi.

    C'est un vin raffiné en effet, on sent aussi beaucoup de réserve et si sa dégustation aujourd'hui permet de l'apprécier tout à fait, il nous donnera beaucoup de plaisir pendant encore de longues années.  


    • TM : pointe lactique et fraise écrasée, légèrement tabac et caramelParfum de fraise écrasée, tabac caramélisé qui se transforment en arôme médicinal. Acidité moyenne et vif en finale, tannins d'intensité moyenne mais plus épicé en fin de bouche, bonne texture.
    • Nez quelque peu sur la retenue, avec de légères notes vanillées et mentholées. La bouche est suave, avec un côté thé noir, légèrement infusé et quelques fruits rouges mûrs.
    • VK : Une belle couleur rubis. L'équilibre domine, avec un fruit éclatant, une longueur légère avec de la fraîcheur. Fleurs sauvages...
    • Univers assez complexe au nez : amande mentholée, épices. Bouche avec dimension minérale et mûre, coeur de la tension par tanins en fil. Un peu statique... mais énergie indéniable. Fin de bouche = fraîcheur.
    • Vif et fluide en même temps que les notes sont profondes, légèrement poivrées. Un vin bien cadré et très élégant.
    • FDB : Fruits rouges, cassis, pointe épicée et poivrée fraichement moulu, pointe fumée. Bouche juteuse, tonique, belle matière, très profonde, longue.
    • Fumé


    Vosne-Romanée 1er Cru les Chaumes

    À la mise en bouteille, bien que qualifié de « distingué », nous notions une certaine droiture en bouche et de la timidité au nez.

    Aujourd'hui, le bouquet est subtil et séducteur : de jolis fruits rouges, agrémentés d'arômes floraux, nous mettent dans de bonnes dispositions pour la suite.

    La bouche possède vraiment une très jolie définition : fine, toute en subtilité, en nous gratifiant également de belles caresses, elle court vers une finale sûre de son effet et encore assez tendue. C'est bienvenu dans un millésime tel que 2018.

    Ce vin confirme son rang et gagnera encore en cohérence et complexité dans les années qui viennent. Pourtant, il est indéniable qu'il paraît déjà abouti et peut donc offrir une agréable et impressionnante expérience de dégustation.

    • TM : intensité moyenne, trace de réduction. La puissance arrive après un peu d'ouverture : tabac, fruits (groseille en arrière). Acidité moyenne faible, qui s'intensifie légèrement sur la fin. Texture enveloppante qui se fait tranchante avec une belle douceur de tannin. Finale pointe verte.
    • VK : Un nez rassurant, complexe. Les tanins se fondent dans des fruits suaves et élégants. Fraîcheur...
    • Nez charmeur, giboyeux, légère pointe mentholée voire chocolatée tirant sur l'after eight. La bouche est dense avec beaucoup de texture, c'est caressant, avec des arômes de mûres.
    • N'a pas bougé.
    • Floral d'abord, puis un côté "sang sec", entre sanguin et floral. Bouche avec finale un peu austère, matière tannique ressort.
    • Nez de feuilles de tabac, notes que l'on retrouve en bouche. Très suave et profond. Finale onctueuse. Beaucoup de grâce.
    • FDB : Fruit noirs, cacao, fumé presque tourbé, noyau de cerise. Bouche tonique, vive, croquante, finale graphite. Tannins souples.



    Nuits St Georges 1er Cru aux Murgers

    Très séducteur au moment de la mise en bouteille, ce vin a conservé un bouquet expressif, aux fruits rouges et noirs bien définis, complété par des arômes de boisé et de fruits secs.

    En bouche, assez majestueux tout d'abord, il fait preuve de retenue, avant une finale plus déliée et sur la fraîcheur. On sent que le vin monte en puissance en cours de dégustation.

    Nous notions en 2020 : « Bien constitué, robuste et musclé, ce vin est fait pour la garde ». S'il a gagné en finesse, on ne peut qu'encourager sa conservation, il offrira plus de cohérence dans les années qui viennent, tout en conservant son énergie.


    • TM : belle intensité et beau bouquet cerise. Légère note lactée + réglisse et amande. Acidité +, très belle énergie. Belle vivacité en finale, texture tranchante. Tannins présents et épicé.

    • VK : un nez légèrement épicé. Le vin est équilibré, élégant avec des arômes de fruits mûrs, de sous-bois, de cuir, de vanille.
    • Nez de petits fruits rouges de sous-bois, très élégant et floral. Bouche d'une élégance folle entre la richesse du fût et la finesse des tanins, avec des arômes de cuir.
    • Me touche par son léger désordre en bouche. Nez un peu masqué par l'élevage. Bouche avec structure oblique, le vin glisse, se rattrape. J'aime sa singularité !
    • Bouche vibrante, un vin sur une dynamique vive. Demande à vieillir pour gagner en sérénité et mise en place...
    • FDB : Fruits noirs, bois de sental. Subtilement poivré, compote de prunes noires. Bouche vibrante, tonique, juteux, sapide.



    Clos de Vougeot

    À la mise en bouteille, nous résumions ainsi l'impression générale : « tout fonctionne ... déjà extrêmement plaisant ! »

    En 2025, nous sommes accueillis par un bouquet très chatoyant de fruits rouges, notamment la groseille.

    En bouche, la concentration se fait sentir au début mais le vin reste caressant, doux et subtil jusqu'à la fin.

    L'élégance et la finesse typique de notre Clos Vougeot sont bien présentes.

    L'impression initiale est confirmée, ce vin est déjà très attractif. Bien entendu, il peut se garder 10 ans encore sans problème mais on est obligé d'admettre qu'une dégustation aujourd'hui a tout son sens.


    • TM : intensité moyenne plus, rose séchée. Cassis et groseille domine derrière un léger voile noisette. Acidité moyenne, mais relevée en finale. Tannins d'intensité moyenne. Texture veloutée et finesse. Attaque puissante, la finale s'adoucie mais reste très persistante.

    • VK : Un vin charmeur, léger, dans la fraicheur. Le fruit est mûr mais reste vibrant et gourmand.
    • Nez très ouvert, sur les herbes aromatiques, le bois brulé. La bouche est très séduisante, gourmande et rayonnante. La structure est déliée, ce qui participe à son côté digeste.
    • Solaire.
    • Bouche assez sphérique, en mouvement, sorte de respiration intérieure. Univers de pierres avec une touche de cuir.
    • Très ouvert et très intense, un vin lumineux. Matière très riche, dense, magnifique dans le sens de "grand". Magnus ( ?), rayonnant.
    • FDB : Notes de cassis, compote de fraise, myrtille, pointe cacao. Bouche/Trame satinée, gourmand. Quartier de pêche de vigne, très profond


    Corton Perrières

    Une couleur soutenue et un beau nez de fruits noirs et de framboise impressionnent dès l'ouverture. Puis apparaît la réglisse et d'autres arômes, qui confèrent un côté sombre et profond au vin. C'est intriguant ...

    Le début de dégustation est strict, avec une droiture et une verticalité conférées par un reste de tanins présents dès le départ, comme c'est souvent le cas pour ce vin. Une matière plus enrobante enveloppe cette structure à partir du milieu de bouche et vient mitiger cette première impression.

    On ressent un très beau potentiel et l'impression curieuse d'un vin sévère et aimable en même temps. On est séduit et/ou impressionnés.

    Ce vin a fait du chemin depuis sa mise en bouteille, même si le descriptif d'alors était tout à fait dans la lignée de notre dégustation de juin 2025 (« attaque ferme et charnue ... élégance stricte ... »). Il possède à ce jour un très beau potentiel, qui mérite d'attendre 5 ans encore pour se révéler pleinement.


    • TM : intensité forte, un côté bonbon avec du miel qui arrive après. Léger côté viande des grisons (reste de réduc ?), puis fruits très frais encore : très belle complexité. Acidité moyenne plus, qui monte en puissance. Texture droite, et de plus en plus précise mais reste toujours ample. Tannins intenses et pointus, enveloppés au début. Finale très persistante.
    • VK : Nez vif et élégants. Le fruit est très présent, fruits rouges. Une finale légèrement pivoine et épicées.
    • Nez intense, réglissé, de fruits rouges. La bouche est droite, verticale, avec une légère pointe mentholée, un côté crayeux et une longue finale sur le chocolat noir.
    • Toujours juste.
    • Un côté soldat, incisif, petites flèches en bouche. Acidité en éclats, joliment diffuse, beaucoup de longueur. Mon favori.
    • Il fascine par sa distance mais en finale son côté velouté nous emprisonne, et on y revient sans cesse. Un vin d'une élégance intrigante. Finale envoûtante.
    • FDB : fraise/framboise, cacao, pêche au sirop, baies rosées. Bouche ample, structuré, beaucoup d'épaule, long et tonique.


    Corton Clos Rognet

    Ici au contraire, c'est la douceur qui domine au nez : framboise, groseille, une touche végétale et de zeste d'orange, des arômes sucrés ... C'est très joli, voire envoûtant.

    Le vin est très caressant en bouche, dès le départ. Il apparaît très séduisant, on pourrait presque le trouver racoleur si la finale n'était pas assez tendue et minérale.

    Il forme en tout cas un ensemble bien homogène et intégré, qui peut se développer mais est accessible dès aujourd'hui. En 2020 : « Très harmonieux, un pinot d'une grande classe ! ». Rien à changer à ce diagnostic aujourd'hui mais aucun problème pour la garde si c'est le choix retenu.


    • TM : intensité forte, puissance et relief. Côté poivré et violette. Acidité moyenne plus, tannins très veloutés. Petite chaleur sur la finale. Texture douce avec du relief/rugosité piquante de tannins.
    • Beaucoup de douceur au nez, avec de la cerise à l'eau-de-vie, des épices douces. La bouche offre une structure délicieuse, avec une matière caressante, on retrouve la cerise. Enormément d'élégance.
    • Beaucoup plus coopératif. Le nez paraît presque avoir de la vendange entière. Drainage tannique souple, le vin sait où il va. Suave. Adroit.
    • Nez mûr et réglisse. Notes amères de zeste d'orange. Finale veloutée mais encore marquée par l'élevage. À attendre encore.
    • Nez net, intense, sur le fruit noir mûr. Délivre une belle concentration, notes de confiture, fumé, eucalyptus. Austère mais puissant.


    Vosne-Romanée 1er Cru au Cros Parantoux

    Le nez offre une belle intensité aromatique et l'on y retrouve du tabac, de la cannelle, des fruits noirs mûrs ...

    En bouche, beaucoup de structure, un côté vertical, ramassé, finalement encore très jeune ! On note évidemment une belle acidité en finale qui confère à ce vin sa fraîcheur habituelle, sans oublier une très grande longueur.

    Décrit comme plutôt fermé, voire « revêche » à la mise en bouteille en 2020 (même si nous notions sans surprise qu'il était « bien bâti »), ce vin a évidemment fait son chemin depuis et s'est bien ouvert. Pas assez cependant pour recommander une dégustation prochaine. Il serait prudent d'attendre encore 5 à 10 ans.


    • TM : intensité forte, arôme de cire ? et pointe chocolat. Acidité forte, superbe énergie. Texture vraiment sur la finesse avec des tannins claquants.

    • Encore en retrait mais très concentré. Arômes de fruits noirs, réglisse, fumé. Tanins présents, texture ferme, grande garde.
    • Assez « tellurique » ( ?) où je retrouve un aspect métal-ferreux. Maturité assez contrastante avec 2023, bien qu'évidemment l'âge ait une influence sur l'évolution. Mais tanins semblent plus "absorbés" par l'aromatique.
    • Notes de roses anciennes au nez, très intenses. Un vin rond, puissant, épicé. Magique. Une pointe mentholée apparaît au centre... au bout d'un moment.