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2014, un millésime d'Équilibre, malgré une saison contrastéeSaison et VendangesVinification et ElevageCaractère et dégustation (à la mise en bouteilles)Caractère et dégustation (avril 2021)Notes de dégustation (avril 2021)
Après un débourrement très précoce, les choses traînèrent un peu et la floraison se fit début juin, comme d'habitude. Les vignes reprirent du retard en été à cause temps maussade et les vendanges eurent lieu à une date légèrement plus précoce que la normale.
Un développement par à-coups que l'on retrouve au niveau des précipitations : après un printemps exceptionnellement sec, l'été fut bien arrosé ... Ce qui nous permit hélas de faire connaissance avec la drosophile suzukii, mouche à vinaigre des plus nuisibles.
Heureusement, le retour du beau temps à partir du 25 août et une courageuse équipe de pré-vendangeurs, partis dans les vignes avec la mission d'enlever les baies malades pour contenir la reproduction de l'insecte, permirent de contenir la maladie.
Les vendanges se déroulèrent sous le beau temps, à partir du 13 septembre.
L'équilibre est la caractéristique principale des vins du millésime 2014.
En effet, malgré le beau temps qui continua pendant les vendanges, les degrés alcooliques ne sont pas élevés. Probablement une conséquence du stress que les vignes ont dû éprouver lors de cette année heurtée.
Pourtant, les vins montrent une belle maturité, sous forme d'une texture enveloppante et d'arômes sucrés. L'acidité est également bien présente et permet une belle fraîcheur aromatique, qui redynamise les vins en fin de bouche.
Pour l'anecdote, malgré l'influence des drosophiles, les acidités volatiles sont parmi les plus basses de ces derniers millésimes. Au final, les vins ont une composition analytique proche de l'idéal (entre 12,5 et 13° d'alcool, 3,55 pH).
Les vins d'entrée de gamme sont plutôt aériens, légers dans le bon sens du terme, assez friands et faciles. La structure devient de plus en plus importante au fur et à mesure que l'on monte en gamme, certains vins donnent même une impression de sérieux, sans être agressifs.
Les blancs, traditionnellement plus élevés en degré, montrent un grand équilibre, une fraîcheur joyeuse et au final pourraient bien signer une des plus belles réussites de ces dernières années.
Quand on y réfléchit, on peut avoir de grandes espérances pour ce millésime. Certes la concentration n'est pas tout à fait au même niveau que 2012 ou 2010 ... mais il y a un peu plus de fraîcheur qu'en 2012 et les vins sont beaucoup plus détendus qu'en 2010. Tous les espoirs sont donc permis !
Après une belle « mise en place » dans les deux premières années de vieillissement, les vins ont eu tendance à se refermer, une évolution somme toute très classique, les 2013 constituant plutôt une exception à cet égard.
À l'époque de sa mise sur le marché, nous avions décrit 2014 comme un millésime d'équilibre, il ne s'agit donc pas d'une année chaude, c'est même notre dernière année fraîche : tous les millésimes depuis ont été en effet marqués par la chaleur, peut-être à des degrés divers, en tout cas suffisamment pour donner des caractéristiques d'années mûres à nos vins.
Ce contexte n'est pas anodin car nos palais se re-étalonnent vite et nous sommes peut-être moins "formés" pour évaluer un millésime comme 2014, assez éloigné de ces caractéristiques de concentration et de sucrosité.Globalement, cette dégustation est une confirmation de ce que l'on soupçonnait, à savoir que le millésime n'est pas encore prêt. Les Vosne en particulier se sont bien refermés, la description qui en était faite à leur sortie laissait entrevoir des vins plus approchables. Le Clos Vougeot, comme souvent entre charme et structure, se laisse finalement deviner plus facilement.
Ce millésime fin, qui exprime de la droiture et beaucoup d'élégance, n'a pas la volupté d'un millésime très mûr mais évidemment pas ce que certains pourraient considérer comme de la lourdeur.
Il requiert un surcroit de vieillissement pour pouvoir précisément révéler toute sa complexité et ne pas paraître en décalage par rapport aux vins produits ces dernières années. Il est sur la bonne route, en témoignent les bouteilles ouvertes depuis 2021, qui ont montré une jolie disponibilité.
Hautes Côtes de Nuits « Clos St Philibert » 2014 :
Un joli nez, assez mûr, avec une trace de réduction. Le boisé se révèle sous forme de notes grillées et anisées.
En bouche, le vin révèle un beau volume, paraît presque doucereux avant une finale encore bien acide qui lui apporte beaucoup de relief.
On peut dire que le vin a fait preuve d'une bonne intégration, que l'évolution est positive, en particulier parce que l'élevage s'est bien intégré. Pour autant, le vin a besoin de s'aérer et gagnerait en intégration avec quelques années de plus, idéalement de trois à cinq ans.
Marsannay 2014 :
Premier nez discret mais qui s'ouvre vite sur des notes de fruits rouges et de cerise à l'eau de vie. On devine également une pointe épicée et de sous-bois.
La bouche est assez caressante, la texture souple. Le vin ensuite continue sur sa lancée fine et élégante, avec une finale relevée comme il faut par l'acidité et des notes poivrées.
Au final, un vin avenant, expressif quoique fin, qui paraît bon à boire désormais. Bien sûr, il peut encore attendre 3 à 5 ans mais cela n'est pas indispensable compte-tenu de sa structure légère.
Chambolle Feusselottes 2014 :
Un nez qui dénote une certaine évolution (cuir, clou de girofle), un peu de réduction mais également après aération, des fruits noirs d'une belle intensité.
La bouche est soyeuse, chatoyante, sympathique même si la finale est marquée par du tannin, voire de l'amertume pour certains.
C'est une bouteille intéressante car le vin est déjà expressif. Il peut cependant encore gagner en largeur en bouche et on peut espérer que la finale se polisse davantage dans les 3 à 7 ans à venir.
Vosne Romanée 2014 :
Un peu fermé de prime abord, avec des senteurs presque animales, qui finissent pas laisser la place à des fruits rouges mûrs (cerise, framboise). Belle intégration du bois sur des notes réglissées et mentholées.
En bouche, de la concentration, une certaine rigueur, une belle trame gainée, entre volume et tannins encore fermes.
Malgré un vin harmonieux, cohérent, bien intégré, on sent encore une certaine restriction, il ne se livre pas encore complètement. Une garde d'au moins 3 ans, plus probablement 5, semble nécessaire.
Vosne Chaumes 2014 :
Un nez fumé, très légèrement réduit, avec quelques notes végétales. Après aération, des arômes floraux, de griotte et d'agrumes, sans compter les notes toastées et vanillées.
En bouche, une très belle trame, avec une attaque franche, une très belle cohérence et une finale aux tannins solides.
Une alliance de gourmandise et de rectitude, représentant certainement un très beau potentiel d'élégance et de saveurs. Malgré cela, il exprime encore beaucoup de retenue et mérite de vieillir 3 à 7 ans encore.
Clos Vougeot 2014 :
Le nez est tout à la fois profond, délicat et séducteur : entre des notes de fruits noirs sucrés, de fleurs comme la rose, l'élevage s'intègre parfaitement sous forme de terre humide et feuille séchée.
En bouche, il fait montre de douceur et de suavité tout en donnant l'impression d'être sur la réserve. La texture est caressante, les tannins délicats, mais le vin reste quelque peu monolithique. On peut gagner en complexité dans les années à venir, à moins qu'un carafage ne lui donne des ailes ?
Vosne Brulées 2014 :
Assez fermé au début, il faut le solliciter pour recueillir les fruits noirs par delà la réduction, le réglisse et les touches fumées.
En bouche, assez puissant, imposant même, avec une attaque franche, un milieu de bouche volumineux et une finale racée mais tannique.
Un superbe vin, majestueux, profond, non sans harmonie mais qui doit absolument vieillir pour révéler tout son potentiel. Encore 10 ans !