• 2013, natif d'octobre

    Saison et Vendanges
    Caractère et dégustation (à la mise en bouteilles)
    Caractère et dégustation (mars 2020)
    Notes de dégustation (mars 2020)

    2013 est à nouveau un millésime qui aura mis à rude épreuve les nerfs des vignerons bourguignons. Les maladies ont été très présentes tout au long de la saison, qui avait commencé par un mois de Mai exceptionnellement froid et humide, d'où des vendanges très tardives.

     

    Le temps perturbé pendant la floraison dans la seconde moitié du mois de juin a engendré coulure et millerandage (petits baies), et donc un volume de récolte inférieur de 20 à 25% à la normale.

    Mais ces petites grappes vont parvenir à parfaite maturité malgré un été mitigé, à l'exception du mois de juillet chaud et ensoleillé. Elles vont réduire la sensibilité au Botrytis, qui a été un problème jusqu'au bout et aurait pu anéantir la récolte dans les derniers jours orageux avant vendange ; elles vont également réduire la proportion de jus, ce qui explique la couleur soutenue des vins, leur concentration naturelle sans excès tannique car la fécondation imparfaite a réduit le nombre et la taille des pépins.

    Reste que 2013 est l'année la plus tardive vendangée au domaine depuis sa reprise par JNM et constitue l'unique exemple d'une vendange entièrement réalisée en octobre.

    Une maturation tardive par des températures assez fraîches a permis de conserver des arômes de fruit intenses, les marqueurs distinctifs de chaque terroir, ainsi qu'un niveau d'acidité élevé, gage de longévité. Cependant cette acidité n'est pas sensible en dégustation, grâce aux tannins très fondus et à la riche texture qui en atténuent la perception. Les degrés alcooliques sont faibles (autour de 12,5), les vins ayant été légèrement chaptalisés.

     

    Au final, la nature nous a réservé un magnifique cadeau avec ces vins. En fin d'élevage, les premiers dégustateurs s'accordaient pour souligner la tension, à laquelle en effet on pouvait en effet s'attendre, mais aussi et surtout la précision, le fruit, l'accessibilité et même la volupté de toutes ces cuvées. Ils témoignent du caractère unique de notre Bourgogne, capable de façonner des crus à la fois frais, mûrs et accessibles.

    Marqué par une saison froide, ramassé sous des conditions perturbées, caractérisé par une forte acidité, un degré d'alcool limité à 12,5 mais ... une texture intéressante, 2013 a néanmoins été classé parmi les millésimes "difficiles".


    Comment se présente t-il aujourd'hui ? Ces vins sont dans une situation paradoxale : le millésime ne s'est pas fermé comme tant d'autres à ce stade de leur évolution (les vins sont généreux ou s'ouvrent rapidement, les arômes de fruits sont bien présents, aucun n'est vraiment "imbuvable"), pour autant ils ne sont en général pas prêts, étant encore très jeunes, vifs et structurés. 


    Chambolle Musigny : la robe a une trace d'évolution, le nez est joli, légèrement confit mais le fuit frais revient vite. Pas mal de cerise ainsi que des arômes épicés et fumés.

    En bouche, une belle rondeur, une densité moyenne, caressante avec une finale acide mais pas trop tannique.

    Aujourd'hui encore un peu anguleux, sans surprise car ce vin ne fait pas partie des premiers à boire dans la gamme des villages. On sent tout de même que l'on n'est pas loin de la phase où on va pouvoir l'approcher.


    Gevrey Chambertin : La robe est un peu plus évoluée et le nez aussi.

    Quelques notes sauvages mais la bouche est assez harmonieuse et plutôt flatteuse.

    Dans l'ensemble un vin plus avenant et que l'on peut considérer comme bon à boire aujourd'hui.


    Fixin Clos du Chapitre : Couleur légèrement évoluée.

    Un joli nez fin, légèrement fumé, très agréable avec sa touche de verdeur et ses arômes de cerise bien mûre.

    En bouche, rondeur et précision, on retrouve les caractéristiques de ce vin que l'on aime beaucoup. La petite raideur en finale nous rappelle que nous sommes en 2013. Mais globalement, il y a un beau volume, la structure est équilibrée par une jolie texture et une finale saline agréable.

    On peut commencer à le boire, sans urgence, il a encore du temps devant lui et gagnera à s'affiner encore quelques années.


    Vosne Romanée : la couleur est profonde et vive.

    Le nez est frais et jeune avec des notes de fruits noirs, une petite réduction ajoute de la complexité, le boisé est plus présent que dans les précédents (normal, il y a une plus grande proportion de fûts neufs).

    En bouche, on est en présence d'un beau volume et d'un vin plutôt épanoui. L'acidité est bien là en finale cependant, comme souvent pour ce vin.

    Au total, une très belle bouteille, presque opulente, en tout cas veloutée mais dont l'énergie mérite encore quelques années de vieillissement.


    Chambolle Cras : belle couleur légèrement évoluée

    Le nez est un peu moins puissant que sur le Vosne mais très fin, avec des notes de fruits rouges, fraise et cerise. L'évolution a commencé son travail, sans dégrader le vin bien sûr.

    En bouche, une impression de verticalité et une forte sensation de minéralité en finale. La longueur est impressionnante, sans aspérité et toute en délicatesse.

    Peut-être un peu moins d'exubérance que le Vosne mais une très belle complexité et une dégustation très gratifiante aujourd'hui avec une personnalité attachante.


    Vosne Chaumes : Une belle couleur profonde, aux reflets encore noirs.

    Un nez de fruits noirs et rouges, avec une touche de réduction qui met un peu de temps à se dissiper.

    Le toucher de bouche est beau et généreux mais il faut reconnaître que la finale est encore saillante, voire un peu dure.

    Ce vin fait donc plus réservé et semble plus difficile à approcher, avec des tannins plus végétaux. Il paraît peu évolué et assez réservé. Finalement, c'est assez typique de cette période où les vins sont censés être fermés et pas très généreux. Bien entendu, dans ces conditions, il faut attendre.


    Nuits Boudots : Une belle couleur profonde et jeune

    Un beau nez épanoui, où l'on sent la framboise et la cerise, complétées par une pointe de verdeur dans une belle complémentarité.

    En bouche, une très belle texture, avec même de la puissance. Les tannins sont importants, la texture encore granuleuse, pourtant le tout est très bien équilibré.

    C'est un vin très généreux mais qui doit encore se polir et qu'il faut attendre, malgré son côté somme toute très ouvert aujourd'hui.


    Nuits Murgers : jolie couleur avec une très légère évolution.

    Au nez, de beaux fruits noirs dominent malgré une petite réduction. Le fruit est plutôt mûr.

    En bouche, une jolie texture, fine, un peu ferme en finale où une certaine minéralité s'exprime.

    Un peu discret aujourd'hui peut-être mais il s'ouvre lentement. Il faut aller le chercher mais il conquiert par son élégance et sa finesse. Ce petit manque d'ouverture signale tout de même qu'il vaudrait mieux attendre.


    Corton Perrières : belle robe brillante, avec une pointe d'évolution.

    Au nez, légère réduction de prime abord. Des notes de pierre à fusil, boisées, grillées. Puis le fruit (principalement des fruits rouges) réapparaît.

    L'entrée de bouche est droite, stricte, linéaire. Une belle finale tannique ferme, sans être sèche.

    Le tout est donc très cohérent, finit par s'ouvrir mais évidemment, le vin doit attendre, histoire de bien intégrer son acidité, présente dès le départ.


    Clos Vougeot : belle couleur profonde, peu évoluée

    Très beau nez précis, où ressort la cerise noire, la pivoine (il y a souvent une note florale dans le Clos Vougeot) et une touche de caramel.

    En bouche, une belle suavité où l'on sent une grande qualité de tannins, le vin montre beaucoup de précision tout en étant assez imposant. Il finit sur une touche légèrement austère.

    C'est un vin très ouvert mais pas tellement évolué. On peut le trouver à son goût (il a un peu moins de tannins que les autres) ou préférer attendre, cette dernière option étant la plus recommandable à notre avis. Même si sur table avec un poisson (et donc 2h d'ouverture), il est bien passé ...


    Echezeaux : belle couleur profonde, peu de traces d'évolution.

    Une belle fraîcheur de fruit, le vin est ouvert malgré une légère réduction. Les fruits noirs concentrés dominent.

    Une texture très soyeuse en bouche, toute en finesse, les tannins sont très enrobés, on termine par une pointe acide marquée, qui fait ressortir un fruit très primaire.

    C'est un vin finalement assez accessible, équilibré, avec un côté tonique réjouissant. Exubérant par bien des côtés, il mérite d'attendre pour s'affiner.

    Lui aussi a assez bien passé le test de la table ...


    Vosne Brulées : la couleur est profonde et peu évoluée

    Un côté épicé, réglissé, un peu réduit, malgré des fruits rouges palpables, le rend moins expressif que l'Echezeaux.

    En bouche, assez discret au départ mais le vin se développe, tout en cohérence et expression minérale.

    Malgré une belle longueur et une très belle texture, le vin apparaît tendu, un peu fermé par rapport aux autres et dans cette phase de quasi hibernation où l'on regrette d'avoir ouvert la bouteille ...


    Richebourg : belle couleur profonde

    Très beau nez ample, où l'on sent une belle diversité de fruits rouges et des notes sucrées et fumées. Malgré une réduction initiale légère, il s'ouvre rapidement et emplit le verre.

    En bouche, beaucoup de puissance et de minéralité. On sent un vin précis, homogène, intégré déjà avec une belle longueur. Complet et complexe, le vieillissement lui apportera la pointe d'élégance qui le rendra mémorable. Il se présente en tout cas très bien aujourd'hui et sur table, il a fait plaisir ... Même si on sait qu'il peut faire encore mieux ...